Mes matinées de tous les jours
Je m'approche de la moitié du séjour, mon rythme de vie est bien réglé, à la sénégalaise. Les matinées sont consacrées au travail de terrain. Je pars de bon matin vers l'île, sur ma mob, "la tête dans le cul" comme on dit en bon français. Sur les pistes sableuses je croise tous les étudiants et étudiantes qui parcourent à pied les quelques kilomètres qui les séparent du lycée. Grands sourires et saluts, je suis bien connu depuis que j'ai partagé quelques matchs de foot avec eux. Le sourire communicatif des filles me réveille définitivement et fixe un sourire niais sur mon visage.
Arrivé au Saloum un piroguier me fait traverser avec les hommes qui vont travailler sur l'île. Ils y récoltent des graminées et du bois mort. C'est un travail très physique et peu rentable. Après les salamaleks d'usage je pars à travers la forêt dense de l'île à la recherche des oiseaux et des autres habitants.
transport de la paille sur les tannes
La plupart des oiseaux sont actuellement repartis vers leurs sites de nidification européens. Les plus vaillants restent pour affronter la chaleur de la saison sèche.
colombar waalia, pigeon multicolore au chant psychédélique
engoulevent à longue queue
pélicans blancs adulte et immature
oedicnème tachard
L'île est composée de trois grands habitats. Les tannes, submergées lors des fortes marées, terre salée stérile autrefois couverte de mangrove, les tapis de hautes graminées et la forêt. Cette dernière est assez inhospitalière. Elle peut être très dense, avec de fortes épines qui lacèrent les bras et déchirent les pantalons. Même les troncs portent parfois des épines. Quand la forêt est plus ouverte les hautes herbes sont alors présentes et peuvent dépasser les deux mètres de haut. Pas évident pour observer les oiseaux… Encore moins évident pour éviter les vicieux arbustes épineux et les fourbes termitières de petite taille sur lesquelles le pied vient trébucher.
paysage en périphérie de la forêt
au milieu de la brousse en tenue de combat, avec le trépied déplié au maximum
Les arbustes épineux sont les refuges protecteurs des hyènes, qui passent leurs journées sous leur ombre. Elles en sortent parfois pour aller se baigner quand la chaleur devient trop forte. Admirez le manque d'élégance et de beauté.